Pythéas de Marseille

De Gadir à Uxisama, Thulé, le poumon marin et le Tanaïs

L’ambre et la mer Baltique

Trouver l’ambre est son deuxième challenge pour le compte de Massalia. Mais en scientifique qu’il est, il va rechercher les sources du Tanaîs. Les teutons, la Scythie, la Scandinavie la Finlande… sortent de l’ombre. Il pense maintenant au retour.

  • La mer Baltique

Nous savons qu’il a visité les régions de la Baltique. C’est la dernière partie de son contrat avec Marseille. Il cherche l’ambre. Que nous disent les textes ?

Pour une fois Strabon ne dit rien, sauf pour nier. Ce sont Pline et Diodore qui nous renseignent. Pline mentionne de nombreuses îles de « l’océan Gallic » en citant Pythéas comme source.  Dans un autre livre il donne d’autres détails : « Pythéas il y a un estuaire de l’océan, habité par les Guiones, un peuple germanique, nommé Metuonis, de six mille stades de long ». Et puis Pomponius Méla : « Au delà de l’Elbe, le Codamus golfe immense est rempli de grandes et de petites îles… » Un passage de Strabon nous donne d’autres indications, même s’il n’y croit pas, comme à son habitude : « A cause de notre ignorance de ces régions, ceux qui nous ont comté des histoires sur les monts de Rhipées et à propos des Hyperboréens sont jugés dignes de sérieuse discussion, et aussi tous les mensonges de Pythéas le massaliote sur les pays en bordure de l’océan »

Pythéas décrit un estuaire, Metuonis, de six mille stades de large (environ 900 km).

Où pouvait-il être ? C’est peut être, comme le pensent certains auteurs, l’ensemble des fleuves qui vont de l’Escaut jusqu’au Danemark. Les côtes sont plates et parsemées d’îles basses qui sont sans doute recouvertes aux grandes marées. Mais on ne peut guère appeler cette région un golfe. Nous pensons donc que ce golfe est la mer Baltique.


Pythéas pénètre dans la mer Baltique, à la recherche de l’ambre et des sources du Tanaïs

Et Strabon nous indique les régions dont il est dans l’ignorance. Les Romains étant allés jusqu’au sud du Danemark, c’est donc plus loin qu’il est dans l’ignorance. Ainsi, le Codamus, golfe immense, est la mer Baltique.

Les îles du Nord entrent dans l’histoire : Pline : « Il y a des écrivains (Pythéas bien sûr)(1) qui signalent encore d’autres îles : Les Scandinaves, Dumna, les Bergues, et la plus grande de toutes la Norvège, d’où on peut aller par mer à Thulé »(P67). et encore : « le Codamus, rempli d’îles dont la plus célèbre est la Scandinavie, dont les dimensions sont si grandes qu’elles n’ont pu être déterminées… Et la Finlande passe pour ne pas lui être inférieure… » (P73). C’est la première fois de l’histoire que la Scandinavie avec deux pays (Norvège et Finlande) sont nommés. Mais aussi d’autres îles dont les Bergues (Bergen ?) dont on peut naviguer jusqu’à Thulé. Et aussi les peuples mystérieux que sont les Ovones, les Hippopodes, les Panodes (Pline P73).

Les peuples du nord reconnaissent aujourd’hui en Pythéas l’homme qui les a fait naitre.

Jusqu’où est allé Pythéas dans sa quête des sources du Tanaïs. Strabon (O62), affirme qu’il les aurait trouvées. Quel pourrait alors être ce fleuve ? La Vistule sans doute. Que fait-il ensuite ? Et s’il tentait de rejoindre l’Asie par la bordure du Nord de l’Europe ? Il remonte alors la Baltique vers le nord, mais en vain. Il ne trouve aucun passage.

  • L'ambre

Pline mentionne quatre vingt seize îles de « l’océan Gallic » Il y a beaucoup d’îles sans nom. Une d’entre elle est « de la Scythie, à un jour de voyage, où l’ambre est déposé par les ondes de printemps, comme Timée le dit … de la Scythie, après trois jours de voyage est une île immense, Balcia. Pythéas l’appelle Basilia ». Et ceci : « De là, l’île d’Abalus est à un jour de voyage où est transporté par les flots au printemps et généré par la mer congelée. Les habitants locaux l’utilisent comme du bois et le vendent à leurs voisins Teutons. Timée aussi croit (Pythéas) mais appelle l’île Basilia ». On trouve de l’ambre vers la presqu’île du Jutland. Mais dans cette région il n’y a pas de débâcle au printemps. C’est donc dans la mer Baltique que Pythéas est allé. L’estuaire est sans doute l’ensemble des fleuves qui se jettent dans la Baltique depuis le sud de la presqu’île du Jutland jusqu’à la Vistule (golfe de Danzig).


L'ambre de la mer Baltique

Abalus est peut être le nom local de l’île. Il peut venir d’un nom celte « apal » qui veut dire pomme. Pythéas l’appelle Basilia qui veut dire Royale en Grec. Où est-elle ? Il est très difficile de répondre car dans cette région, nous l’avons dit, les côtes sont basses et le continent émerge progressivement des flots suite au retrait des derniers glaciers. Ce qui était une île il y a deux mille trois cents ans est peut être aujoud’hui une presqu’île ? Et en plus elles sont nombreuses sur les rivages de la Baltique. L’île de Bornholn, entre la Pologne et la Suède nous paraît convenir. Ce qui est vrai est que de l’ambre existe encore aujourd’hui dans ces parages. Alors, dans tous les cas près de la Vistule.
Des pièces de monnaies grecques datant du VI AC ont été trouvées dans cette région. C’est preuve qu’il existait des relations entre les Grecques et ces régions, mais ne signifie pas qu’elles proviennent de Pythéas.

Trois routes de l’ambre en partaient. L’une vers le bassin du Rhin, le Rhône et Marseille ; la deuxième par la Vistule et les plaines d’Ukraine vers la mer noire ; la plus importante par la Vistule vers le Danube, les Alpes pour aboutir au fond de l’Adriatique (Eridan). Ce qu’Hérodote voulait ignorer.

Maintenant, le temps du deuxième retour à Massalia est venu.