Pythéas de Marseille

De Gadir à Uxisama, Thulé, le poumon marin et le Tanaïs

Bretagne, Uxisama, Ostimiens, entrent dans l'Histoire avec Pythéas

Pythéas arrive à la pointe de la Bretagne après trois jours de navigation. Il y découvre ses habitants, les Ostimiens, le cap Kabaion, qui est peut être la pointe du Raz, et l’île d’Uxisama.

Voici donc Pythéas sur les côtes de la Celtique. Il nomme, d’après Strabon,  kyrtoma, la grosse bossedont la longueur n’est pas inférieure à 3000 stades (F17). A ses extrémités il y a de nombreux caps, et « particulièrement celui des Ostimiens, qui s’appelle Kabaion, ainsi que des îles dont, la plus loin, Uxisama est à trois jours de navigation »(F17).


Le Port gallo-romain du Yaudet dans les Côtes d’Armor

Strabon tient ses informations d’Eratosthène qui lui même les a prises de Pythéas. Il va nier l’existence de la péninsule Armoricaine, car elle n’est pas conforme à son monde. Il modifiera le tracé, pour courber l’Europe dans le bons sens. Plus tard il écrit : les Ostimiens… « habitent un promontoire qui les projettent loin dans l’océan », mais il ajoute « pas aussi loin que lui et les autres l’ont dit »(F16), en parlant de Pythéas.

C’est la première fois dans notre histoire que la péninsule armoricaine ( Bretagne ) est nommée, et avec elle, ses habitants, une île facilement identifiable, Ouessant, et le cap Kabaion. Lequel est-ce ? La presqu’île de Penmarc’h ou bien la pointe du Raz ? L’avancée de la Celtique fait au moins 3000 stades, soit 470 Kms. De quel endroit cette distance a-t-elle été évaluée. Peut être au premier voyage de Pythéas, par voie terrestre depuis l’embouchure de la Garonne, ce qui correspond à peu près à la distance réelle. Mais 470 kms, c’est très inférieur à la distance réelle qui sépare l’extrémité nord-ouest de l’Espagne (cap Finistère) de l’extrémité de la Bretagne, en supposant que le pilote embarqué pour les besoins de la traversée conduise l’expédition directement vers la Bretagne, ce que semblait déjà pratiquer les Phénitiens. Néanmoins, la durée de la traversée, trois jours (F17) correspond assez bien. Strabon dans sa carte du monde ne tiendra pas compte de cette péninsule, et elle n’apparaitra pas.

Après la pointe Bretagne, où fait il escale ? Nous connaissons une mesure de latitude indiquée par Hipparque, en une notation modernisée : 48°42’. Cette mesure, aussi loin dans le nord, n’a été effectuée que par Pythéas avec son gnomon portatif.

Comment fait-il ? La hauteur supposée de l’appareil est d’environ 1 m. Dés lors, il n’a besoin que d’un petit espace plat vers le nord puisqu’il va mesurer la longueur de l’ombre à midi (l’ombre la plus courte). Auparavant il aura mis en station son appareil le plus verticalement possible. Au retour à Marseille il n’aura plus qu’à comparer avec la longueur de l’ombre le même jour de l’année, et bien sûr de la ramener à la longueur de celle du gnomon de Marseille. La différence de longueur sera transformée en fraction de circonférence, comme pour la mesure de l’obliquité de l’écliptique. Pour connaître la latitude du point il lui faudra l’additionner avec la latitude de Marseille (les deux fractions). Ainsi, il n’est pas nécessaire d’attendre, pour chaque mesure, le jour des équinoxes.


Drachme massaliote,  pièce de monnaie de massalia

La mesure de latitude faite par Pythéas passe par les côtes nord de la Bretagne. Strabon dit « droit sur la côte océanique de la Celtique ». Cela correspond à la zone de Roscoff/St Brieuc. Où installe-t-il son gnomon ? Il y a fait c’est certain une escale de plusieurs jours. Une pièce d’or de Cyrène (ville grecque de Libye) a été trouvée en 1959 sur la plage de Lampaul-Ploudalmézeau. Comment cette pièce d’or a-t-elle pu être conservée est un mystère. Pouvons nous déduire avec certitude qu’elle provient de l'époque de Pythéas ? Une autre pièce en argent, Massaliote (un drachme) datant du IIème siècle AC a été trouvée à quelques km de là sur les rives d’une petite rivière. Nous en déduisons que les échanges avec le nord Bretagne existaient bel et bien après Pythéas.

Pythéas en suivant la route de l’étain, est guidé par un pilote connaissant les côtes de la région. Il paraît donc logique qu’il guide l’expédition vers le seul port actif depuis plusieurs siècles :

Le Yaudet (qui sera conquis par Jules César 300 ans plus tard). C’est sans doute dans les environs qu’il a fait sa mesure de latitude. Combien de temps reste-t-il au port ? Il explore l’intérieur du pays pour décrire la vie des Ostimiens et visite aussi le sud de la Bretagne vers la presqu’île de Quiberon dont les autochtones contrôlent le trafic de toute la péninsule, ainsi que la cité (mythique) de Corbillon (H22), vers l’embouchure de la Loire. Voici ce qu’en dit Stabon : « Mais Pythéas avait poussé l’audace jusqu’à inventer tout cela » (H22).

On suppose que Pythéas parle un minimun la langue celte ou qu’il devait être accompagné par un traducteur. Quand il apprend que l’étain arrive d’une île située à trois jours de navigation dans le nord, sa décision est prise. L’un des objectifs de son voyage est tout proche, et il embarque sur un navire